L’imparfait

Les comparatifs

An tan lontan i té ni zonbi
(Autrefois, il y avait des fantômes)

Connaissiez-vous l’histoire de la maison Zévallos ? Non, alors laissez-moi vous la raconter.

  • Es ou té sav, misyé Zévallos ni on kaz ? Es ou té sav sa ki rivé a kaz ay ? Non, ban mwen konté li ba’w.

L’habitation du comte Hector Parisis de Zévallos était une belle propriété coloniale.

  • Kaz a misyé Zévallos té on bèl bitasyon menn !

Elle avait un très beau parc bordé de vieux figuiers sauvages avec un grand moulin.

  • Kaz-la té ni on bel jaden, onlo vyé pyé figyé ora ay, é on gran moulen.

C’est dans la cour de la maison que les anciens propriétaires avaient massacré dans un bain de sang la révolte de leurs esclaves.

  • Sé an lakou bitasyon-la, ké sé mèt-la té tchouyé tout zèsclav a yo ki pa té vlé bèsè tèt ay.

Depuis, la maison Zévallos était chaque nuit le siège de manifestations paranormales, de forces ésotériques bien réelles.

  • Dépi jou-lasa, chak lanuit, i tè ni onlo biten biza ki té ka rivé andidan kaz a misyé Zévallos.

On y entendait des cris et des bruits violents de meubles déplacés.

  • Moun déwò té ka tann onlo blokoto é onlo désòd.

Les fantômes des meneurs brûlés vifs dans le four de l’usine revenaient chaque nuit hanter les lieux.

  • Zonbi a sé moun-la brilé vif andidan fou a lisin-la, té ka ruvini terbolisé bitasyon –la chak swè.

Les vampires, leur gueule dégoulinant de sang, les accompagnaient volant dans les airs pour accomplir leur méfait.

  • Soucougnan, onlo san an gél a yo, té ka volé avè yo pou fè tout movè biten.

Les diablesses y avaient aussi élu domicile et séduisaient tous les hommes pour leur malheur éternel.

  • Gyabless té prann kaz-la pou ta yo. Yo té ka fè zyé dou a sé boug-la pou malè a yo.

Aucun vivant ne pouvait passer une nuit tranquille dans cette maison sans risquer de perdre sa raison, si ce n’est sa vie.

  • Pon moun pa té pé rété domi yen ki yonn swè andidan kaz-lasa san vin tébè ouben pèd lavi.

Les plus grands quimboiseurs organisaient des messes noires et concoctaient des philtres pour désenvoûter les lieux et les gens.

  • Pli gran gadézafé té ka ba moun bwè kenboi pou dézanvouté yo é té ka fè mès nwè pou dézanvouté plas-la.

Peine perdue, Les fantômes refusaient de partir. Ils ne voulaient pas quitter ces lieux devenus les leurs.

  • Tout sé biten-lasa pa té ni pon zéfè. Zonbi pa té vlé kité kaz-la. Alè, kaz-lasa té ta yo.

Si vous passez par le Moule, ne restez pas trop longtemps devant cette maison. On ne sait jamais ce qui pourrait vous arriver.

  • Si ou ka drivé ora kaz-lasa, chapé ko a’w, san gadé déyè ou pa sav ki biten té pé rivé.

Sé menm biten ban mwen

(Les comparatifs)

J’étais aussi courageux que mon frère

An té osi vayan ki frè an mwen

Tu avais plus à manger que ton frère

Ou té ni plis manjé ki fréw a’w

Tu ne travaillais pas plus que lui

Ou pa té ka plis travayé k’iy

Il était moins courageux que son frère

I té mwen vayan ki fréw ay

Nous travaillions comme vos frères

Nou té ka travayé kon frè a zot

Vous étiez différents de vos frères

Zo pa té kon frè a zot

C’était pareil pour moi

Sé té menm biten ban mwen

Grammaire

L’imparfait :

– La forme affirmative s’exprime avec la particule « té Ka » devant le verbe.

Exemple : Manman té ka babyé mwen : Maman me disputait

I té ka anni palé : Il ne faisait que parler

Tou sé midi-la, i té ka prann ti punch ay : Il prenait son apéritif tous les midis

– La forme négative est symbolisée par la particule « Pa » préposée devant le verbe à la forme affirmative

Exemple : Nou pa té ka domi lè i rivé : Nous ne dormions pas quand il est arrivé

Zo pa té ka aprann kréyòl : Vous n’appreniez pas le créole

– La forme interrogative se forme avec « es » préposé devant le verbe à la forme affirmative

Exemple : Es manman té ka babyé mwen ? : Maman me grondait elle ?

Es zo té ka apwan kréyòl ? : Appreniez-vous le créole ?

– Les verbes particuliers : Les verbes yé, tini, pé, vlé, dwèt, sav, konèt (être, avoir, pouvoir, vouloir, devoir, savoir, connaître, etc.) s’expriment qu’avec la particule « té » devant le verbe sans la particule « ka ».

Exemple : Ola zo té yé ? Où étiez-vous ?

Nou té timoun kon zot : Nous étions enfants comme vous

Es yo té ni on loto ? : Avaient-ils une voiture ?

Les comparatifs :

Le comparatif d’égalité se forme avec « osi…ki, menm biten, kon » :

– Lavi an gwada osi chè ki lavi an France : La vie en Guadeloupe est aussi chère que la vie en France

– Lavi an gwada é lavi an France, sé menm biten : La vie en France et en Guadeloupe c’est pareil

– Lavi an gwada sé kon lavi an France : La vie en France c’est comme la vie Guadeloupe

Le comparatif de supériorité se forme avec « pli…ki (avec adjectif) ou plis…ki»

– Lavi an gwada pli chè ki lavi an France : La vie en Guadeloupe est plus chère que la vie en France

– Yo mangé plis mango ki vant yo pé pran : Ils ont mangé plus de mangue que leur ventre puisse contenir.

Le comparatif d’infériorité se forme avec « pa si ….kon »

– Lavi an gwada pa si chè kon lavi an France : La vie en Guadeloupe est moins chère que la vie en France

– Lavi an gwada mwen chè ki lavi an France : La vie en Guadeloupe est moins chère que la vie en France

Exercices

6-1 Traduire en créole

-Rien ne pouvait m’arriver. Les fantômes ne m’effrayaient pas

-Un fantôme va t’emmener si tu n’es pas sage

-Quand tu arrivas, il pleuvait averse

-Il n’avait plus de mangue, il n’avait que des petites bananes

-Nous étions jeunes et nous ne pensions qu’à jouer

-Où étiez-vous quand j’avais besoin de vous ?

-Petits, vous saviez être gentils quand vous le vouliez

6-2 Traduire et répondre aux questions suivantes

-Qu’entendait on la nuit dans la maison Zévallos ?

-Que faisaient les zombis, les soucougnans ainsi que les diablesses ?

-La Martinique est-elle aussi jolie que la Guadeloupe ?

-En Guadeloupe, la mer est- elle plus chaude qu’en France ?

Tipawol lison-la (dicton créole de la leçon)

Sa ki ta’w, ta’w, sa ki pa ta’w pa ta’w

Littéralement : ce qui est à toi est à toi, ce qui n’est pas à toi n’est pas à toi

Traduction : il faut rendre à César ce qui appartient à Jules

Stèles en l’honneur des ethnies concernées par la traite des noirs.

Monument de la flamme éternelle à l’esclave inconnu.

Ban mwen konté li ba’w

Les indiens caraïbes décimés, des esclaves africains furent importés afin de travailler la terre des vastes plantations de canne à sucre. Ce fut le début du trafic négrier. Le Code noir (1685) régissait le statut d’esclave « bien meuble que l’on pouvait vendre, acheter et louer ». Certains esclaves se révoltèrent, fuyèrent et se cachèrent dans les montagnes. On les appelait les nègres marrons.

La Révolution Française condamna le système esclavagiste et vota en février 1794 l’abolition de l’esclavage. Peu de temps après, en 1802, Napoléon le rétabli (son épouse Joséphine de Beauharnais est une riche propriétaire terrienne de Martinique).

Des humanistes, Hugo, Lamartine, Victor Schoelcher, etc., s’élevèrent contre l’esclavage, Le décret d’abolition de l’esclavage fut voté le 27 avril 1848. Longtemps la Guadeloupe dépendra administrativement de la Martinique. Cette subordination freina son développement économique et fut à l’origine de la vieille rivalité entre les deux îles sœurs.

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